Interview du Colonel Rossi, Responsable de la Flotte Hélicoptères de la SIMMAD (Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Aéronautiques du ministère de la Défense français)

Le 15 avril 2010, à l’occasion du Symposium Opérateurs Europe, Afrique et Moyen Orient, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec le Colonel Rossi, en charge de la flotte des hélicoptères de l’Etat Français (Gendarmerie, Direction Générale de l’Armement/Essai en Vol et Sécurité Civile).


Turbomeca (TM)
Merci Colonel Rossi de répondre à nos questions. Vous êtes Responsable de la flotte hélicoptères à la SIMMAD, organisme interarmées en charge du soutien des matériels aéronautiques de la défense et de l’état français. Votre flotte représente un total de combien de machines et de moteurs ?

Colonel Rossi
La flotte comprend 570 hélicoptères de toutes générations et de tous gabarits, de l’Astazou III C2 qui équipe nos Gazelles 341 de l’armée de terre aux Makila 2A des Caracals de nos forces spéciales en passant par les Arriel 1E2 de la sécurité civile.
Ce sont au total près de 1800 moteurs qui sont couverts. 1000 moteurs volent au quotidien et 200 moteurs sont disponibles chez les clients.

TM
La disponibilité de ces moteurs est assurée à travers le contrat MCO (Maintien en condition opérationnelle). C’est un contrat entre l’Etat français et Turbomeca pour le maintien en condition opérationnelle des moteurs d’hélicoptères de l’Etat. Pouvez-vous nous donner plus de précisions ?

Colonel Rossi
Ce contrat couvre les moteurs d’hélicoptère de l’Etat Français et plus particulièrement : les 3 armées, Gendarmerie, Direction Générale de l’Armement/Essai en Vol et Sécurité Civile.
Pour assurer une disponibilité immédiate des moteurs, la gestion en est confiée à Turbomeca qui doit anticiper les besoins des utilisateurs pour maintenir en permanence le volume des 1200 moteurs disponibles. Nous avons ce contrat depuis 2001.

TM
Qu’est-ce qui différencie ce contrat MCO d’autres contrats de ce type dont on peut entendre parler dans l’aéronautique ?

Colonel Rossi
Ce qui rend ce contrat unique c’est tout d’abord sa globalité au niveau des utilisateurs et des prestations, sa durée qui est de 10 ans et le fait que ce soit un contrat à l’heure de vol.
En plus de l’engagement de maintien à niveau des 1200 moteurs (Turbomeca a 10 jours pour remplacer tout moteur déposé), qui sous entend une activité en usine de prévision, de gestion de la ressource, de réparation de révision... de nombreuses autres prestations sont prévues. Par exemple nous avons un soutien des outillages, une assistance technique centralisée 24H/24, 7J/7, l’assistance technique locale sur demande, l’expertise, l’examen de garantie, l’approvisionnement des pièces nécessaires à la mise en œuvre, la maintenance de 1° niveau, le transport des matériels, la formation...
Certaines familles de moteurs bénéficient également de consignation (volant de propriété Turbomeca) mis à disposition des utilisateurs. En résumé ce contrat couvre l’ensemble des prestations concourant à obtenir la meilleure disponibilité au moindre coût.

TM
Quels sont les points clés de votre retour d’expérience relatif à votre contrat MCO ?

Colonel Rossi
Avec l’expérience, nous pouvons voir que la vision transverse du MCO des moteurs favorise la performance technique, la performance logistique et les économies d’échelle. Par opposition à un contrat vertical par type d’aéronef sous l’égide d’un « prime contractor », il s’agit d’un contrat global qui est passé en direct entre l’Etat français et le motoriste qui peut ainsi maîtriser la prestation de bout en bout et continuer à améliorer ses moteurs grâce au contact direct et permanent avec le client. Au final, c’est un véritable partenariat entre client et fournisseur, avec partage des risques sur la durée ; ce qui est plus difficile dans le cas des contrats de courte durée.

TM
Pour conclure, est-ce que vous pensez que ce type de contrat est applicable dans d’autres pays européens ?

Colonel Rossi
Concentrées sur leur cœur de métier, les armées modernes n’ont pas vocation à réaliser elles même tout le spectre du MCO.
Le MCO militaire se compose du niveau opérationnel et du niveau industriel (étatique et/ou privé). Le niveau opérationnel est généralement réalisé par le militaire, et le complément est confié à l’industrie, selon la politique de soutien du MOD de l’Etat concerné.
Ainsi, pour ses moteurs d’hélicoptères, tout Etat européen peut confier le MCO de niveau industriel à Turbomeca, sachant que le contrat MCO Etat français, dont la pertinence est validée depuis 2001, constitue la forme d’externalisation la plus aboutie à ce jour.

TM
Colonel Rossi, nous vous remercions pour votre témoignage.